“Le 30 juin 1944, le général de Gaulle m’a introduit dans l’Ordre de la Libération. Soixante-dix-sept ans plus tard, étant le dernier à pouvoir porter la croix qui en est l’emblème, je sens sur mes épaules le poids de l’engagement sacré de mes Compagnons. À tous mes compatriotes, et en particulier à ceux des générations pour qui cette époque peut désormais sembler bien lointaine, je veux rappeler que chez chacun d’entre nous le devoir l’emporta sur la recherche de tout intérêt personnel. Nous avions été élevés avec l’idée qu’être français conférait des libertés, enviées par beaucoup de peuples, mais aussi et avant tout des obligations. Cela peut paraître de la simple rhétorique jusqu’au jour où des circonstances exceptionnelles viennent bouleverser les habitudes et contraindre à faire des choix. Ce fut le cas en 1940 quand notre pays s’effondra en quelques semaines. Pour les Compagnons, servir la France s’imposait comme une évidence, une mission impérieuse à accepter sans discuter. D’ailleurs, la plupart de ceux qui gagnèrent l’Angleterre ou rallièrent la France libre depuis des territoires éloignés eurent la conviction que jamais ils ne reverraient leur famille, leurs amis, leur pays, Au soir de ma longue vie, je suis convaincu que tous savaient que leur engagement ne s’arrêterait pas avec la guerre, C’est dans cet esprit que le général de Gaulle créa l’Ordre de la Libération.”
Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération.
Extrait de la préface du livre :
Dans L’honneur et par la victoire
Jean-Christophe Notin.
Editions Calmann-Lévy.