Heure H

Débarquant à 6h30, les premières vagues, accueillies par un feu nourri, sont clouées sur la plage. Les bombardements aériens de la nuit, comme les tirs déclenchés par l’artillerie de marine avant l’assaut, se sont révélés fort peu efficaces.

Les défenses allemandes, pratiquement intactes, prennent la plage en enfilade et sèment la mort dans les rangs des assaillants. Comble de malchance, les chars amphibies ont presque tous sombré avant d’atteindre la côte, privant ainsi les fantassins d’un indispensable appui d’artillerie. Au fil des heures, la situation ne cesse d’empirer. La plage, de plus en plus réduite du fait de la marée montante, s’encombre de cadavres roulés par les flots, d’innombrables blessés et de carcasses fumantes d’engins détruits par les obus. Les péniches apportant les renforts s’empalent ou sautent sur les obstacles que les hommes du génie, décimés par les pertes, n’ont pas réussi à dégager à temps.
Après un calvaire de plusieurs heures pour les soldats américains, la situation évolue enfin en leur faveur. Faute de pouvoir emprunter les vallées, trop solidement défendues, les Gi’s, à force d’énergie et de courage, parviennent en fin de matinée à escalader l’escarpement et à s’infiltrer par petits groupes sur le plateau pour prendre à revers un ennemi dont la résistance commence d’ailleurs à faiblir
Au soir du Jour-J, la tête de pont d’Omaha n’a guère plus de 2 kilomètres de profondeur. L’opération, très mal engagée, s’achève néanmoins par un succès, mais à quel prix ! Les pertes s’élèvent à plus de 3 000 hommes (quinze fois plus que sur Utah Beach), dont – officiellement – un millier de morts.
Source : normandiememoire.com
Le partage c'est la liberté

The night of the nights

Il faisait nuit noire, un léger brouillard montait du sol. Je sautai et mon parachute s’ouvrit avec un grand claquement de toile qui traduisait la surcharge de mon équipement de combat.
J’avais 24 ans, capitaine au 501ème régiment d’infanterie rattaché à la 101ème division aéroportée qui, avec la 82ème division, avait lâché du haut du ciel 12000 hommes au cours de cette fameuse nuit. Nous étions le fer de lance de l’invasion de l’Europe.
A cette occasion, on nous avais rasé les cheveux-les chirurgiens avaient déclaré que cela serait plus commode pour recoudre les plaies du crâne-nos visages et nos mains avaient été passés au noir de fumée pour être moins visibles. Nous portions un treillis de combat et des bottes de saut spéciales. Tous nos vêtements, y compris sous-vêtements et chausettes, avaient été imprégnés d’un produit chimique destiné à nous protéger des gazs et nous sentions aussi mauvais qu’une meute de putois. En temps normal, je pesais un peu plus de 80 kg mais, cette nuit-là, je dépassais largement les 100 kg.
Mon équipement comprenait tout ce qu’il fallait pour le saut de cette nuit. Deux parachutes, l’un dans le dos et celui de secours sur le ventre. Nous portions tous un gilet de sauvetage gonflable parce que nous devions survoler la mer et sauter près d’une rivière. D’ailleurs, beaucoups d’hommes furent heureux d’en avoir été pourvu cette nuit-là.
Nous portions également un baudrier et une cartouchière autour des reins, lestée de 30 cartouches de calibre 45 pour pistolet automatique et d’une centaine de balles de 30 pour notre carabine. Ajoutez à cela deux grenades à main, un pistolet de 45 chargé et armé, une carabine à crosse pliante de 30, également chargée et armée, un poignard avec une lame de 30 cm attaché à la guêtre gauche pour les combats au corps à corps, une gamelle avec un quart, une cuillère et un plat métallique pour cuisiner, des comprimés pour purifier l’eau, une trousse d’urgence fixée au filet de camouflage du casque, une autre trousse médicale comprenant deux doses de morphine injectable, un desinfectant, des compresses. Dans une poche sur la cuisse, on avait glissé une petite mine anglaise antichar car les blindés pullulaient dans les parages, un masque à gaz (j’avais ajouté deux boites de bière). Sur les épaules, un havresac contenant un poncho imperméable, une couverture, une brosse à dents, du papier toilette et six boîtes de rations “K” de survie. Notre fourmiment comptait aussi une pelle-pioche pour creuser un abri individuel, des cartes, une lampe torche et une boussole. On nous avait en outre remis une “trousse d’évasion” contenant une boussole miniature, une carte de France imprimée sur soie et l’équivalent de 300 dollars en billet de banque français usagés. Pour parfaire notre équipement, nous avions reçu deux autres “gadgets”. D’abord une plaque-matricule d’idendification soudée à une chaîne métallique autour du cou et conçue de telle sorte qu’elle ne fasse aucun bruit malgré nos mouvements. Ensuite, à la veille de l’invasion, on nous avait munis d’une ultime surprise : un “criquet”, petit objet métallique de bronze et d’acier. Quand on pressait la languette d’acier, l’objet émettait une sorte de claquement sec et quand on le relâchait, il refaisait le même bruit. Nous ne nous étions jamais servi, nous n’en avions même jamais entendu parler, mais il allait devenir, au cours de cette fameuse nuit, le moyen essentiel de reconnaissance, pour distinguer dans l’obscurité un ami d’un ennemi.
 
Patch de la 101 ème division d’infanterie aéroportée américaine “Screaming Eagles”
Sam Gibbons, I was there, Mémorial de Caen
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Bienvenue en Normandie nous sommes le mardi 6 juin 1944….

Message distribué à tous les participants de l’opération Overlord

“Soldats, Marins et Aviateurs des forces expéditionnaires alliées !

Vous êtes sur le point de vous embarquer pour la grande croisade vers laquelle ont tendu tous nos efforts pendant de longs mois. Les yeux du monde sont fixés sur vous. Les espoirs, les prières de tous les peuples épris de liberté vous accompagnent. Avec nos valeureux alliés et nos frères d’arme des autres fronts, vous détruirez la machine de guerre allemande, vous anéantirez le joug de la tyrannie que les nazis exercent sur les peuples de l’Europe et vous apporterez la sécurité dans un monde libre.

Votre tâche ne sera pas facile. Votre ennemi est bien entraîné, bien équipé et dur au combat. Il luttera sauvagement. 
Mais nous sommes en 1944. beaucoup de choses ont changé depuis le triomphe nazi des années de 1940-1941. Les Nations-Unies ont infligé de grandes défaites aux Allemands dans des combats d’homme à homme. Notre offensive aérienne a sérieusement diminué leur capacité à faire la guerre sur terre et dans les airs. Notre effort de guerre nous a donné une supériorité écrasante en armes et en munitions et a mis à notre disposition d’importantes réserves d’hommes bien entraînés. La fortune de la bataille a tourné ! Les hommes libres du monde marchent ensemble vers la victoire !
J’ai totalement confiance en votre courage, votre dévouement et votre compétence dans la bataille. Nous n’accepterons que la Victoire totale ! 
Bonne chance ! Implorons la bénédiction du Tout-Puissant sur cette grande et noble entreprise ”

Général Eisenhower

 

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