Ami, si tu tombes…

La nuit qui précéda sa mort

Fut la plus courte de sa vie

L’idée qu’il existait encore

Lui brûlait le sang aux poignets

Le poids de son corps l’écœurait

Sa force le faisait gémir

C’est tout au fond de cette horreur

Qu’il a commencé à sourire

Il n’avait pas un camarade

Mais des millions et des millions

Pour le venger, il le savait

Et le jour se leva pour lui.

Paul Eluard.

Un seul combat

Le partage c'est la liberté

Je me souviens

 

Je me souviens d’un temps
que je n’ai pas connu
Je me souviens d’un jour
que je n’ai pas vécu
Je me souviens de tout
pourtant je n’ai rien vu
et si je m’en souviens,
c’est parce que je suis libre.

Le partage c'est la liberté

La résistance continue

Un chant s’envole

Fenêtre grillagée, bâtisse où règne l’ombre,

Où le soleil ne luit qu’entre des murs très hauts,

Où le regard cherchant des horizons nouveaux

Se heurte à la grisaille, l’uniformité sombre.

C’est la triste Roquette où, bien loin de la vie,

Sont celles qu’on accuse d’aimer trop leur Patrie

Un chant s’envole et monte et remplit le faubourg,

Clamant bien haut la haine, la souffrance et l’espoir.

Français, délivrez-nous ! Vous ne pouvez savoir

Combien dure est l’attente et le silence lourd !

jacqueline Farge – La Roquette – 14 juillet 1943.

Extrait de La France Torturée de Gérard Bouaziz (Préface de Lucie Aubrac) 

 

Le partage c'est la liberté